3 questions à deux mamans véganes

En tant que végétaliennes, comment avez-vous abordé vos grossesses et comment cela s’est-il passé avec le corps médical ?

Laura : J’ai abordé mes grossesses de manière sereine, y compris la première. Bien sûr comme toutes les femmes enceintes, j’ai fait attention à diverses choses, dont mon alimentation. Au-delà de me sentir bien et en forme jusqu’à la fin, ce que j’attribue au moins en partie au végétalisme, je me suis rendu compte que la plupart des aliments à éviter ou des précautions à prendre visaient les produits animaux (le mercure des poissons, la salmonellose…) et ne me concernait donc pas. J’ai apprécié cette sécurité. 

Pour les futures mamans, peut-être que quelque chose à garder en tête est que faire les bons choix avec des aliments sains et nutritifs est généralement amplement suffisant. La dernière chose à faire est de se mettre trop de pression. C’est valable, je crois, pour toutes les femmes enceintes, mais peut-être plus encore pour les mamans végés manquant de soutien dans leur environnement familial. Se rapprocher d’autres familles végétaliennes (par exemple sur les réseaux sociaux ou lors de rencontres) peut aider.

Amélie : J’étais végétalienne depuis déjà cinq ans au moment où je suis tombée enceinte. J’ai peut-être eu de toutes petites inquiétudes avant de me renseigner, mais ma grossesse s’est globalement très bien passée. 

J’ai été suivie tout le long par notre médecin traitant qui était déjà au courant qu’on était végétaliens. J’ai l’impression qu’elle s’est renseignée de son côté, qu’elle a un peu plus creusé par rapport à l’équilibre alimentaire au cours la grossesse. Elle nous a pas mal soutenus et n’a jamais remis en question nos choix. En revanche, je n’ai pas senti nécessaire de tenir au courant tout le monde. Au cours d’une grossesse, on fait toute une batterie d’examens et de tests, on croise donc beaucoup de professionnels de santé. Dès l’instant que j’étais rassurée par notre docteure, que les résultats étaient bons, je n’ai pas crié sur les toits que j’étais végétalienne à chaque fois que je rencontrais un nouveau médecin.

On a eu beaucoup de chance avec notre médecin traitant à l’époque, et j’ai l’impression que c’est de plus en plus accepté aujourd’hui. Par rapport à il y a dix ans, le véganisme est un peu plus compris.

Quel âge ont vos enfants aujourd’hui ? Sont-ils végétaliens et comment cela se passe-t-il ?

Laura : Ils ont 12, 7 et 3 ans. Ils sont végétaliens depuis leur conception. Cela se passe très bien et assez simplement. Si le petit dernier n’a pas encore conscience d’être végétalien, les plus grandes sont heureuses, et même fières de l’être. Les enfants aiment les animaux et cela fait sens pour eux. Au niveau culturel, ils ne sont privés de rien : on peut quasiment, si ce n’est tout, faire en version végétalienne. Ils ne manquent pas de crêpes, de galettes des Rois, et ne soufflent pas leurs bougies sur une assiette de brocolis. En fait, le problème le plus gros et inattendu auquel j’ai dû faire face en tant que maman végétalienne a été d’accueillir la colère, la tristesse et l’incompréhension de mes filles au fur et à mesure qu’elles découvraient ce qu’on faisait aux animaux. Heureusement, petit à petit, les choses se sont adoucies, et je crois qu’elles se sentent simplement en phase avec notre mode de vie. 

Amélie : Ma fille a 6 ans. Elle est végétalienne depuis la naissance à la maison et on a décidé qu’elle soit végétarienne en milieu collectif, c’est-à-dire qu’elle mange parfois des produits laitiers ou des œufs à la cantine. Pourquoi cette décision ? Au départ, à la crèche, les gens se sont posé beaucoup de questions, ils y ont pas mal réfléchi avant d’accepter. On a réussi à trouver cet arrangement-là. Le plus important pour nous, c’était qu’elle soit intégrée dans le collectif, qu’on puisse parler du végétarisme et du végétalisme sans poser trop de barrières. Ce compromis a permis de mettre tout le monde à l’aise et a évité de braquer les choses. Ça se passe bien pour elle au niveau social, elle n’a jamais eu de moqueries de la part des copains, ça a l’air de ne jamais lui avoir posé de problèmes de ne pas manger comme les autres. Et surtout, même si elle n’est pas complètement végane à l’école, elle est fière de s’afficher en tant que telle auprès des copains. Elle est très contente d’amener son gâteau d’anniversaire végane dans la classe ou même des petits livres qui parlent du rapport aux animaux ou du végétarisme, et cela est bien vécu dans sa classe.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous aux (futures) mamans qui souhaitent adopter une alimentation végétale ?

Amélie : Soyez rassurées, c’est possible ! Il suffit de rester attentives, comme on le serait pour toute grossesse de toute façon. Il est important que la personne qui suit la maman de près sache qu’elle est végétalienne, mais si la question ne se pose pas avec le reste du corps médical, ce n’est pas forcément indispensable. Pour moi, tout s’est bien passé, mais je pense que si on avait eu des choix difficiles ou urgents à faire pour la santé de notre enfant, on n’aurait probablement pas hésité à lâcher du lest, par exemple s’il avait fallu lui donner du lait de vache. Ce n’est pas à ce moment-là que tout se joue. On peut toujours revenir au végétalisme plus tard. Dans certains cas, écouter le corps médical est plus important.

Laura : Soyez confiantes en la justesse de vos choix. C’est une des meilleures choses à faire d’un point de vue éthique et environnemental, pour l’avenir de ses enfants. Pour autant la société est loin d’être végétalienne et il faut parfois s’armer de patience, en se rappelant que l’on contribue soi-même à faire évoluer les choses, à construire une société plus juste et plus durable. Pour eux, pour nous, soyons le changement.

 

Nous remercions chaleureusement Amélie et Laura d’avoir répondu à nos questions.

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