Accueil » Nutrition » Science et nutrition » Le PNNS et l’alimentation vegan
Il est désormais scientifiquement établi qu’une alimentation végétale équilibrée permet de couvrir nos besoins nutritionnels et de vivre en bonne santé, et ce à tout âge de la vie.
Alors, pourquoi les recommandations françaises officielles du Plan National Nutrition Santé (PNNS) sont-elles uniquement basées sur les produits animaux ?
Les recommandations nutritionnelles officielles sont adaptées aux pratiques standards. En France, elles s’appuient sur le fait que la majorité des Français consomment des produits animaux, et ne fournit pour ainsi dire pas d’indications aux personnes végétariennes ou végétaliennes.
Au Royaume-Uni, qui compte de 11 à 12% de végétariens dans sa population (Pollard et al., 2002 ; Mintel, 2014), les conseils sont par contre adaptés aux végétariens et aux vegans.
De la même façon, le guide nutritionnel indien prend en compte les 30% d’Indiens végétariens (Yadav, 2006) à l’égal des autres groupes.
Dans certains pays où le végétarisme est encore peu développé, les recommandations nutritionnelles sont compatibles avec le végétalisme – et c’est en fait le cas pour de nombreux pays. En 2017 est parue une tribune signée par une quarantaine de professionnels de santé français qui réclame une évolution du PNNS et la reconnaissance officielle de l’alimentation vegan comme une alternative saine. Espérons que la France rattrapera vite son retard sur cette question !
Les recommandations s’appuient sur les aliments consommés le plus couramment dans le pays concerné. Par exemple, le PNNS français ne recommande pas les produits à base de soja ou les algues, car bien que ces aliments soient excellents pour la santé, leur consommation est encore marginale en France.
Au Japon, où ils sont très consommés, ces aliments figurent par contre dans les recommandations. De même, les Brésiliens mentionnent le manioc parmi les aliments sains, mais pas les Français. Les nutritionnistes des différents pays ne sont pas en désaccord sur les vertus du manioc, du soja ou des algues, ils adaptent simplement leurs recommandations aux habitudes de leurs interlocuteurs.
Sur le site de la FAO, les recommandations synthétiques de différents pays à travers le monde rendent compte de la diversité des recommandations, comme par exemple :
Les regroupements de filières industrielles ainsi que le Ministère de l’Agriculture jouent également un rôle dans l’établissement de recommandations autour des produits animaux.
Par exemple, les décrets et arrêtés définissant la composition des repas dans la restauration collective (cantines scolaires, restaurants universitaires etc.) s’appuient sur le guide du Groupement d’Étude des Marchés de la Restauration Collective et de la Nutrition (GEM-RCN), un organisme qui compte parmi ses membres de nombreux représentants des industries agroalimentaires et du secteur de l’élevage : l’Association Nationale des Industries Agro-alimentaires (ANIA), le Centre d’Information des Viandes (CIV), le Syndicat des entreprises françaises des viandes (SNIV-SNCP), l‘Association nationale Inter-professionnelle du Bétail et des Viandes (Interbev), l’Association de la Transformation Laitière Française (ATLA), Nestlé…
→ Recommandations GEM RCN
(Portail de l’Économie et des Finances)
En omettant de donner des recommandations aux personnes qui choisissent de ne pas consommer de produits animaux, le PNNS augmente le risque pour ces personnes de ne pas suivre une alimentation équilibrée. Cette omission entrave également le développement du végétarisme et du végétalisme en France, dont les bienfaits sont pourtant nombreux et avérés pour plusieurs maladies de société.
Pourtant, quelques points faciles à mettre en œuvre pourraient rendre le PNNS compatible avec les alimentations végétariennes et végétaliennes.
Dans les « repères » du PNNS on trouve des protéines via la catégorie dénommée « viande, poisson, œufs », alors qu’une alimentation vegan équilibrée apporte des protéines de qualité équivalente et en quantité largement suffisante (OMS, 2007).
La grande majorité des organismes étrangers utilisent le groupe « aliments riches en protéines » qui comporte, en plus des produits animaux, les légumineuses (lentilles, haricots, pois chiches, soja…), les oléagineux (amandes, noix, noisettes, sésame…) et leurs dérivés.
De même pour le calcium, beaucoup de pays proposent, à la place de la catégorie française « laitages », une catégorie « sources de calcium ». On y trouve, en plus des laitages, les laits végétaux enrichis en calcium, les légumes à feuilles vertes et certains oléagineux.
D’ailleurs, le PNNS indique que « certains fruits oléagineux comme les amandes et les noisettes apportent naturellement du calcium », mais cette information est encore loin d’être mise en avant sur leur site.
En harmonisant ses catégories alimentaires avec de nombreuses institutions de par le monde, le PNNS pourrait rétablir le dialogue entre les personnels de santé et les groupes concernés. Ces derniers profiteraient donc d’une protection bien meilleure qu’à l’heure actuelle.
Gageons que le PNNS donnera bientôt des recommandations adaptées aux végétariens et aux végétaliens !
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