Vivre sans cuir

Qu’est-ce que le cuir ? Pourquoi refuser d’en acheter ? Quelles sont les alternatives ?

 

Parfois présenté comme un produit « noble » ou « vivant », le cuir n’est pourtant que la peau d’un animal mort. Sa production est souvent aussi source de misère humaine et de nombreuses pollutions ; elle est aussi le plus souvent liée à l’industrie de la viande.

Heureusement, de plus en plus d’alternatives sans cruauté existent.

Le saviez-vous ?

Liège, champignons, ananas, eucalyptus, produits synthétiques : les alternatives au cuir sont en plein essor !

Qu’est-ce que le cuir ?

Le cuir provient d’animaux élevés et tués uniquement pour leur peau, d’animaux sauvages, ou d’animaux tués pour leur viande, auquel cas il contribue à rentabiliser l’industrie de la viande.

Beaucoup de personnes qui refuseraient de porter de la fourrure achètent du cuir, pourtant le cuir est aussi le produit de la souffrance et de la mort d’animaux : vaches, veaux, moutons, agneaux et cochons sont les plus courants, mais aussi chevaux (cuir appelé « cordovan »), cerfs, pécaris, autruches, crocodiles, lézards, kangourous, chiens, certains poissons, etc.

Le cuir fait l’objet d’innombrables importations et exportations à travers le monde. L’association PeTA a mené des enquêtes dans l’industrie du cuir en Chine et en Inde – deux des trois pays produisant le plus de cuir dans le monde – qui ont révélé des pratiques très cruelles. En Chine, des milliers de chiens sont tués pour leur cuir, ensuite exporté sous d’autres appellations, par exemple de l’agneau. Quand on opte pour du cuir, il est quasiment impossible de savoir à qui appartenait la peau qu’on porte.

Cuir et viande : deux facettes d'une même industrie

Actuellement en France, quasiment tous les abattoirs valorisent le cuir des vaches, des veaux, des cochons, des chèvres, des moutons et des agneaux. L’ensemble des parties issues de l’animal tué qui ne sont pas à proprement dit de la viande, comme le cuir, constituent ce que les professionnels appellent le « cinquième quartier ». Le bénéfice retiré de la valorisation du cuir et des autres éléments du « cinquième quartier », comme les plumes, le sang, les cornes ou les abats, constituent une manne intéressante pour les abattoirs. Les abattoirs vendent par exemple des peaux de qualité supérieures de 35 à plus de 100 euros selon le cours. Si les ventes de cuir venaient à baisser, le prix de la viande augmenterait conséquemment.

La filière du cuir mène actuellement un travail de sensibilisation auprès des éleveurs afin que ceux-ci adoptent des pratiques qui préservent la peau des animaux, non pas pour leur bien-être, mais afin d’augmenter leur rentabilité. Les peaux d’animaux portent en effet très fréquemment des lésions qui laissent imaginer des souffrances endurées, comme :
des marques de blessures (à cause des barbelés, des boulons qui trainent dans les boxes, des coups de fourches et d’aiguillons, des coups de cornes, des piétinements, des chutes),
des cicatrices laissées par des parasites (essentiellement les teignes, mais aussi poux, varrons, gales)
– des marques laissées par le manque d’hygiène (infections non soignées, brûlures dues au contact prolongé avec les excréments).

Où trouve-t-on du cuir ?

Alors que des alternatives d’excellente qualité existent, le cuir est encore un produit omniprésent dans notre société.

Il est toujours très utilisé pour la fabrication des chaussures, pour tout ou partie, par exemple parfois uniquement les semelles ou un bout de revêtement. Il sert également à fabriquer des accessoires : sacs à main, gants, ceintures, portefeuilles, porte-monnaie, lacets décoratifs, etc.

Certains vêtements sont faits en cuir : blousons, vestes, pantalons, etc. Les peaux de moutons où il reste de la laine (appelées double-face) servent à faire des vêtements spécifiques.

Avec le cuir, on fait aussi des revêtements de canapés, fauteuils, sièges automobiles, des objets décoratifs, des bijoux, etc.

Dans le sport, les ballons synthétiques ont conquis le marché dans les années 90 pour les ballons de rugby, et dès les années 70 pour ceux de foot et de basket, mais des ballons de basket en cuir sont encore utilisés en salle, notamment lors de compétitions.
L’Australien Jason Gillespie, l’un des principaux entraîneurs du Yorkshire County Cricket Club (nord de l’Angleterre) milite pour l’introduction de balles de cricket fabriquées à partir de matière synthétique. Vegan, il a par ailleurs critiqué l’industrie laitière pour les souffrances qu’elle inflige aux animaux – critique d’autant plus courageuse que l’équipe qu’il entraîne est sponsorisé par le producteur laitier Wensleydale Creamery.
Les gants de baseball sont encore fabriqués en cuir, ainsi que les chaussures de foot, les harnais et selles d’équitation, les laisses et colliers pour chiens, etc.

En reliure, certains livres ou carnets ont une couverture en cuir. En calligraphie, le vélin d’origine animale, qui était autrefois très recherché, est devenu très rare – le vélin est fait à partir de la peau du vélot, ou veau mort-né, voire de fœtus de veaux. Quant aux parchemins d’antan, ils étaient fabriqués en peau de mouton ou de chèvre.

Cuirs recyclés ou "synderme"

Les cuirs dits recyclés, reconstitués ou régénérés, appelés aussi « synderme », sont fabriqués à partir de chutes de cuir et de peaux provenant directement d’usines de chaussures et de maroquinerie. Ces chutes sont réduites en pâte, puis malaxées avec du latex, des liants et des pigments, parfois aussi avec des matières grasses pour donner plus de souplesse, puis pressées.

Leurs noms peuvent faire croire qu’on n’achète pas du cuir, d’autant plus qu’ils coûtent parfois moins cher que le synthétique. Ils constituent simplement un moyen de valoriser économiquement des rebuts de peaux.

Seule la peau animale peut avoir l’appellation « cuir » (décret du 18 février 1986) et son pictogramme est celui d’une peau étalée.
Attention, le pictogramme du synderme est le losange, qui signifie « autres matériaux » (ça peut aussi être du plastique, du caoutchouc, etc).
Les pictogrammes :

pictogrammes

Le cuir : ni équitable, ni écologique

Le tannage et la teinture du cuir, qui ont pour objectif d’empêcher la peau de se décomposer et de pourrir, en font un matériau non biodégradable.

Sels minéraux, métaux lourds dont du chrome, formaldéhyde, dérivés de goudron, colorants à base de cyanure et autres substances dangereuses (parfois, plus de 300 produits) sont quotidiennement utilisés lors du processus de tannage.

Ces techniques sont polluantes pour l’environnement et toxiques pour les travailleurs des tanneries et les habitants vivant à proximité de ces industries. Les tanneries sont désormais souvent situées dans les pays en voie de développement, où codes du travail et lois environnementales sont bien moins stricts, voire inexistants, comme au Bangladesh ou en Tunisie. Aujourd’hui, des milliers d’enfants travaillent sans aucune protection au contact de produits toxiques dans les tanneries, qui rejettent la plupart du temps leurs déchets dans les cours d’eau, sans traitement.

Comment remplacer le cuir ?

Les alternatives au cuir sont de plus en plus nombreuses.  Leur production, exempte de cruauté, s’avère nettement plus écologique et elles sont le plus souvent fabriquées de façon éthique. Lin, chanvre, coton… des matières végétales, synthétiques ou plastiques permettent déjà depuis longtemps de remplacer techniquement le cuir dans tous ses usages.

De nouvelles alternatives, parfois encore au stade expérimental ou confidentiel, sont très prometteuses. L’avenir est décidément résolument vegan !

Attention, certains fabricants appellent « cuir végétal » du cuir partiellement tanné avec des produits végétaux, mais le “cuir végétal” provient bel et bien de peaux d’animaux et seule la peau animale peut avoir l’appellation « cuir ».

→ Des fournisseurs d’alternatives au cuir (Animalter)

Consulter l’Ecotek, pour en savoir plus sur les fibres ecofriendly

"Cuirs" synthétiques

Les « cuirs » synthétiques ou similicuir sont fréquemment composés d’un non-tissé de fibres synthétiques (polyamide ou polyamide micro la plupart du temps) coagulé dans une résine, en général du polyuréthane. D’autres sont en plastique recyclé.

On connaît bien sûr le skai, mais il existe aussi le Lorica, chamude, clarino, amara : ces matériaux synthétiques ont des propriétés parfois similaires ou supérieures à celles du cuir (résistance à l’eau et à l’abrasion, souplesse, respirabilité).

Le liège

Il s’agit bien du même liège que celui des bouchons et des isolants ! Ce matériau souple et résistant peut aussi être façonné comme du cuir. Il est en plein essor par exemple au Portugal, où de nombreux articles (sacs, ceintures, bijoux, objets, chaussures, etc) sont fabriqués en liège.

Le liège est l’écorce superficielle de l’arbre chêne-liège. Prélevée environ tous les 12 ans, elle ne nuit pas à l’arbre, et le processus de fabrication est écologique et éthique. L’arbre est en plus un puits de carbone d’autant plus efficace qu’il est utilisé pour produire du liège.

L’eucalyptus

En 2014, Fabian Stadler, un entrepreneur allemand, a mis au point la fabrication de ceintures à base de feuilles d’eucalyptus sous la marque Noanifashion (une contraction de « no animal fashion »). Avec ce matériau très résistant, il projette désormais la fabrication de sacs au Portugal.

Le piñatex à base de feuilles d'ananas

La matière première est les feuilles d’ananas, actuellement inutilisées par les agriculteurs. Mis au point par l’espagnole Carmen Hijosa, moins onéreux que le cuir et écologique, le Piñatex est plus que prometteur.

Le muskin à base de champignons

Produit par l’entreprise italienne Grado Zero Espace, ce tout nouveau matériau est extrait des champignons. Écologique, éthique, 100 % biodégradable, c’est un produit respirant et très souple, idéal pour fabriquer des accessoires.

Chambres à air et autres matières synthétiques recyclées

La marque associative REEV à été créée par l’association ANRH, association pour l’insertion et la réinsertion professionnel et humaine des handicapés, dans les Yvelines. Ensemble, ils dessinent, conçoivent et fabriquent de la bagagerie et des accessoires à base de recyclage, de manière écologique et éthique.

Leurs articles, notamment à base de chambre à air recyclées, sont autant d’alternatives au cuir !

L’éco-"cuir"

Richard Wool, un ingénieur américain, vient de mettre au point un éco-« cuir » artificiel à partir de fibres naturelles telles que le lin ou le coton mélangé à du maïs, du soja et huiles végétales. Le résultat, moins coûteux que le cuir, est très similaire à ce dernier, cruauté en moins et solidité en plus. Vivement la commercialisation de ce produit qui pourrait révolutionner l’industrie textile : il ne reste plus qu’à lui trouver un nom ! (et prudence en attendant, car des fabricants vendent du cuir sous l’appellation éco-cuir).

Boutiques respectueuses des animaux
pour acheter sans cruauté

Pour aller plus loin

Références

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